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SENSIBILISATION & DROITS

AUDIO DESCRIPTION POUR AVEUGLES ET MAL VOYANTS

Comment voir au cinéma, à la télévision, sur un support vidéo, dans un événement sportif ou sur un lieu touristique, l’équivalent de ce que découvre une personne valide ? Afin d’aider le déficient visuel à ne rien manquer, le principe est simple : une ou deux voix décrivent l’image, les décors, les mimiques ou l’action, par des phrases laconiques mais explicites, placées entre les dialogues. Souvent ces artisans du verbe devront faire attention à décrire l’action une seconde avant qu’on ne la voie, de sorte que la réaction du non voyant soit simultanée à celle des autres spectateurs du même programme ou du même événement. Cette technique de description est souvent appelée « AUDIOVISION », mais il faut savoir qu’il s’agit d’une marque déposée par l’Association Valentin Haüy. Donc ce qui fut un terme commun, est devenu un nom propre. Quand elle est réalisée par d’autres structures, cette méthode porte le nom générique d’audio description

1 : DANS L’AUDIOVISUEL

Il faut bien comprendre que, depuis longtemps, les déficients visuels regardent la télévision et parfois ils l’allument ! Certains vont même au cinéma, ce n’est pas un exploit : seul ou accompagné, un aveugle peut comprendre le contenu d’un film, même si quelques scènes plus visuelles peuvent lui échapper. Le son le guide pour comprendre certaines images, qu’elles soient décrites ou pas. A l’identique de la pratique des valides, on trouve tous les comportements chez les non voyants : des accros au petit écran, comme des consommateurs occasionnels d’émissions et bien sûr les réfractaires au téléviseur.

L’audio description existe depuis le début des années 90 pour une pratique au cinéma. A l’époque, la lourdeur du système obligeait à couper le film en deux parties enregistrées sur deux bandes vidéos. Pour ne pas déranger le spectateur valide, l’aveugle était muni d’un casque, dans lequel était transmise la version du film audio commenté. Une alternative, pour l’aveugle accompagné au cinéma, était le Chuchoteur : un petit microphone que détenait le valide, dans lequel il chuchotait les descriptions qu’entendait l’aveugle dans une oreillette. Durant ces dernières décennies, dans des cinémas de grandes villes, des séances présentent des films audio décrits ; certaines associations organisent même des démonstrations dans des lieux aménagés pour ces occasions. En mai 2010, l’Association Valentin Haüy aura proposé un festival de films en Audiovision, autour du Festival de Cannes.

L’année 1998 verra la chaîne de télévision franco-allemande, ARTE, diffuser ses premiers films avec ce système, sur un canal SECAM. Avec la parution de la télévision numérique, il semblait plus facile de mettre en place cette pratique. Depuis septembre 2009, de plus en plus de programmes de télévision, comme certaines émissions, films et téléfilms, sont en audio description sur les principales chaînes comme TF1 et France 2. A l’heure actuelle, tous les téléviseurs ne reçoivent pas ces versions audio décrites. Les fournisseurs de télévision par Internet qu’on appelle les F.A.I. (LIVEBOX pour Orange, NEUFBOX pour SFR, etc.) ne peuvent accéder à ce programme spécifique, à cause d’une malheureuse question technique de borne passante. Mais des travaux sont à l’étude pour régler cette question. Pour les utilisateurs de décodeurs TNT ou CANALSAT (par un satellite uniquement), il suffit d’appuyer sur la touche LANGUE ou MENU de la télécommande de ce démodulateur et de sélectionner « allemand ». Le programme sera alors diffusé en français avec l’audio description.

Certains s’interrogent sur le si petit nombre de DVD commercialisés munis de ce système, alors qu’avec les menus du disque, il semble si simple de proposer cette option ; d’autant que tous ces supports contiennent une version sous-titrée pour les sourds. Pourtant en cours de création, une liste des supports vidéos audio décrits semble difficile à trouver. En 2009, on comptait à peine une trentaine de films audio décrits, récents ou passés, vendus en commerce, alors que les organismes spécifiques aux aveugles en ont réalisé plusieurs centaines.

Il est donc temps de tordre le cou à quelques idées reçues, déjà entendues ici ou là. Ni Monsieur Nicolas SARKOZY, ni Monsieur Gilbert MONTAGNE, ne sont les initiateurs de cette nouvelle technologie. En effet, bien avant la présidence de Jacques CHIRAC, ce système était proposé avec le conseil technique d’associations pour handicapés. C’est la loi de février 2005, préparée entre autres sur cette adaptation audiovisuelle depuis 2003, qui ordonne la diffusion d’un certain pourcentage de programmes audio décrits sur les principales chaînes avant 2012. Pendant cette préparation en 2004, l’association SONORIUM FRANCOPHONE avait fait à des représentants handicapés une proposition qui ne fut pas retenue. L’idée était la suivante : comme il existait une chaîne spécialisée pour la cuisine ou une autre pour le sport, on pouvait envisager une chaîne de la future TNT, spécifiquement consacrée aux thématiques handicapées avec toutes les émissions sous-titrées, des programmes en audio description, des magazines sur les handicaps ou réalisées par des handicapés… Un rêve bien trop grand pour des structures de personnes handicapées bien trop éparpillées ! Toujours est-il que les avancées pour les personnes handicapées visuelles se font et que nous pouvons, une fois de plus, féliciter les acteurs passés et actuels pour ces mises en place. Bien sûr, tout n’est pas parfait encore. D’aucuns pourront râler qu’il n’y en a pas assez ou qu’il était temps car, depuis longtemps, ARTE propose régulièrement des films audio décrits. D’autres pourront bien pester que quelqu’un parle entre les dialogues et qu’il est difficile d’apprécier le programme.

2 : QUELLES EVOLUTIONS POUR QUELS MANQUES ?

Du support audiovisuel, comme un film, à une pièce de théâtre ou un opéra joué en direct, l’idée n’aura fait qu’un pas. Le spectacle vivant est donc audio décrit, comme si on l’entendait commenté à la radio. Hélas, il faut attendre la représentation unique d’une œuvre jouée plusieurs fois, pour que le non voyant assiste sous casque à la même pièce que les spectateurs valides. De plus, les œuvres adaptées sont peu nombreuses et se jouent de surcroît dans des édifices souvent parisiens. Pour les réalisateurs de ces descriptions, il s’agit de bien préparer le commentaire avant la représentation théâtrale. Cela permet d’éviter les inconvénients du Chuchoteur. Parce qu’elle est faite dans l’immédiat avec cet outil de remplacement, l’indication donnée  par le chuchoteur reste spontanée et imprécise, voire placée en même temps que les dialogues sur scène. A moins d’être un professionnel de la description. En fait, il faut, avec des mots compris par tous et des phrases courtes, donner une image des détails visuels, qui ne peuvent pas être perçus par l’aveugle au travers d’une réplique de la pièce.

Pourrait-on alors envisager d’appliquer à des évènements sportifs la même méthode d’audio description ? Il semblerait bien ! Cela s’est déjà pratiqué 2 ou 3 fois. En 1998, une compétition internationale de judo non voyant fut la première manifestation sportive audio décrite. Ce même procédé aura servi pour un championnat de torball à Brest. Enfin la dernière écoute sera effectuée lors du tournoi européen de Torball à Poitiers en 1999. Depuis, plus aucune demande ne sera formulée pour décrire du sport. Dans une salle à part, muni d’un écran sur lequel il suit la rencontre, le commentateur décrit au micro l’image et donne quelques points techniques. Assis dans les tribunes, quelques aveugles et mal voyants entendent dans un casque audio et découvrent en direct les descriptions des matchs de ce jeu de ballon pour déficients visuels, qui se déroulent devant eux. Imaginez cette même pratique de description pour des matchs de football ou pour d’autres sports ! Des aveugles suivent déjà le football, grâce aux commentaires en radio ou à la télévision. Et pourtant, on est loin des qualités de textes pour faire de la description orale ! On peut comprendre alors que le sport sera devenu le parent pauvre de l’audio description.

Dans les domaines de l’art et de la culture, peut-on appliquer ce même type de descriptions pour les aveugles aux musées et autres lieux touristiques ? Bien sûr, mais il ne s’agit plus du même procédé. On ne compose plus avec une action à décrire immédiatement, même enregistrée au préalable. On convient alors que le lieu ou l’œuvre est stable. Donc, sa description donnera à l’aveugle, non seulement l’image, mais également des renseignements historiques ou culturels de l’œuvre ou de l’endroit décrit. Cette technique s’appelle Audio guide. Enregistrée sur ce qui ressemble à un téléphone portable, la version sonore du texte correspondra à un numéro, que le déficient visuel devra composer sur le clavier de l’appareil portatif. A ce système, s’ajoute une étiquette sur laquelle apparaît, en braille ou en caractères agrandis, le numéro à composer pour entendre le commentaire s’y référant. Bien des lieux, des musées et des parcs thématiques sont munis de ce système depuis le milieu des années 90. Des structures, plus ou moins proches du handicap visuel, se penchent sur l’utilisation de l’Audio guide par des lieux touristiques, mais il reste beaucoup à faire.

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